Vers un « double pivot » monétaire en juin ?
Emmanuel Gentilhomme
Rédacteur en chef La lettre des Placements
Pour les marchés financiers, l’année 2024 devrait être marquée, aux États-Unis, par un tournant monétaire majeur. Voilà des mois que les investisseurs spéculent sur le « pivot de la Réserve fédérale », c’est-à-dire le moment où la banque centrale américaine abaissera les taux qu’elle a tendus avec retard, mais aussi avec vigueur – de 0/0,25 % à 5/5,25 % entre début 2022 et juillet 2023 – pour lutter contre la flambée des prix. Certes, l’inflation fait toujours de la résistance mais bon an mal an, elle se normalise. Si le taux statutaire de 2 % n’est pas encore atteint, le marché est d’avis que la trajectoire est la bonne. Bref, le premier « desserrement de vis », qui était un temps envisagé lors du FOMC de mars, reste d’actualité, comme le président Jerome Powell l’a confirmé. Pour l’heure, le marché l’attend lors du FOMC du 12 juin.
Il n’y a pas qu’aux États-Unis que la donne monétaire pourrait changer. Certes, la Banque centrale européenne (BCE) n’a pas touché à ses taux directeurs lors de la réunion du conseil des gouverneurs de jeudi 7 mars, mais ce n’est pas tout.
En septembre, l’établissement anticipait en 2024 une inflation moyenne de 3,2 %, une projection abaissée à 2,7 % en décembre, puis à 2,3 % la semaine dernière : là encore, l’objectif de 2 % reste dépassé, mais il se rapproche néanmoins, comme le confirment les récentes statistiques. D’ailleurs en 2025, la BCE ne vise plus 2,1 %, mais 2 %, puis toujours 1,9 % en 2026, là encore en moyenne.
Ainsi, après avoir relevé son principal taux de refinancement de 0 % au milieu de 2022 jusqu’à 4,50 % en septembre, elle pourrait désormais faire machine arrière. Quand ? Là encore, tout dépendra de l’évolution effective de l’inflation, mais aussi de la croissance, que le renchérissement du coût du capital met à rude épreuve. Bien sûr, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a indiqué lors de la conférence de presse que la détente des taux ne figurait pas au menu de la dernière réunion. Mais la BCE a aussi réduit la prévision de croissance du PIB de la zone euro pour l’année en cours de 0,8 à 0,6 %.
De ce fait, les investisseurs s’attendent désormais à ce que la BCE abaisse ses taux non en avril, mais lors du conseil des gouverneurs du 6 juin prochain. Une perspective qui, si elle était confirmée par les statistiques, serait de nature à soutenir les marchés boursiers.
Emmanuel Gentilhomme
Rédacteur en chef La lettre des Placements
Achevé et rédigé 13 mars 2024
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