De nouvelles règles pour crédibiliser l’ISR
L’intention était louable. Proposer dès 2016 un label d’investissement socialement responsable (ISR) qui promeut les supports d’épargne intégrant des critères ESG (environnementaux, sociétaux et de gouvernance) était une avancée novatrice en Europe. En effet, la France était alors la première à mettre en place un tel dispositif.
Et le succès a été au rendez-vous. À la fin 2023, on ne comptait pas moins de 1 174 fonds labellisés ISR proposés par 195 sociétés de gestion, pour un encours de 773Md€. Un engouement réel donc, mais remis en cause dans un rapport de l’Inspection générale des finances dès décembre 2020. Si le service se félicite du signal de qualité qu’envoie le label dans les placements financiers « responsables », il déplore qu’il adresse « à l’épargnant une promesse confuse », et alerte qu’à « moins qu’il n’évolue radicalement, le label ISR s’expose à une perte inéluctable de crédibilité et de pertinence ».
Pourquoi donc ? Force est de constater que les critères d’attribution du fameux label ne sont pas très exigeants, aucun secteur d’activité n’étant exclu d’emblée, seuls 20 % des valeurs les moins ESG l’étant. Ainsi, il n’était pas rare de trouver des sociétés peu compatibles avec un objectif « vert » dans les portefeuilles estampillés ISR.
Bercy a donc repris les choses en main. Après deux ans de discussions avec les différents acteurs concernés, un nouveau référentiel est entré en vigueur au 1er mars de cette année : celui-ci exclut désormais les entreprises impliquées dans de nouveaux projets liés à l’exploration, l’exploitation et le raffinage de combustibles fossiles, ainsi que les 30 % des valeurs les moins bien notées sur les critères ESG.
Concrètement, que cela va-t-il changer ? Morningstar, qui rappelle qu’une période de transition est prévue jusqu’au 1er janvier 2025, note que sur l’ensemble des fonds ISR, « 45 % ont une certaine exposition au secteur de l’énergie traditionnelle, pour un total d’environ 7Md€ d’actifs ». Et en termes de sociétés cotées, la règle d’exclusion s’appliquera à TotalEnergies, Neste, Eni, Repsol, BP ou encore Shell.
De quoi crédibiliser le label ? Peut-être, mais certainement pas de nature à satisfaire un acteur comme TotalEnergies, qui argue d’investir massivement dans les énergies renouvelables, et songe très sérieusement à quitter la place de Paris pour New York
Loïc Danton
Achevé et rédigé 16 mai 2024
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