L’Europe n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle est acculée et la construction européenne s’est souvent faite dans la difficulté. Nous pourrions être sur le point d’écrire un nouveau chapitre. Les derniers jours, ponctués par la Conférence de Munich sur la sécurité, ont mis en lumière la fracture qui existe désormais dans la relation transatlantique. Reprenant les mots de Lénine, Alexander Stubb, le président finlandais, a ainsi résumé la situation : « il y a des décennies où il ne se passe rien et il y a des semaines où il se passe des décennies ».
La situation géopolitique de l’Europe, prise en étau entre les États-Unis et la Chine, n’est pas nouvelle. Toutefois, le fossé avec Washington s’est considérablement creusé depuis la réélection de Donald Trump, si bien que le Vieux Continent apparaît plus isolé que jamais. L’illusion d’un soutien indéfectible des États-Unis à l’Europe semble désormais s’être dissipée dans l’esprit des dirigeants européens, contraints ces derniers jours d’avaler plusieurs couleuvres. On notera par exemple les déclarations de (i) Pete Hegseth, secrétaire à la Défense des États-Unis, sur la nécessité pour l’Ukraine de renoncer aux territoires conquis par la Russie ou encore celles (ii) du général Keith Kellogg, émissaire de Donald Trump pour l’Ukraine, confirmant que les négociations se feraient bien sans l’Europe (bien que cette position ait été contredite par le secrétaire d’État Marco Rubio) alors que des discussions