Notre scénario repose sur l’hypothèse d’une « normalisation économique », c’est-à-dire d’une croissance plus équilibrée reposant davantage sur l’investissement. Cette « normalisation économique » conduit à une « normalisation monétaire », à savoir des taux d’intérêt d’équilibre plus élevés. Ensuite, cette « normalisation monétaire » doit progressivement permettre une « normalisation financière », c’est-à-dire une normalisation des primes de risque (l’excès de rendement au-dessus du taux sans risque). En effet, à partir de la grande crise financière, les primes de risque représentaient une part anormalement élevée du rendement global. Revenir au régime prévalant avant la crise financière suppose alors que cette prime de risque sur les actifs risqués représente une part moins importante, et ce au profit du rendement de l’actif sans risque.
Pour illustrer cette « normalisation financière », prenons l’exemple d’une prime de risque sur le crédit, en l’occurrence l’écart entre le rendement sur le crédit entreprises américain noté BAA par Moody’s et le taux de la dette publique américaine à 10 ans. Pendant la période de taux d’intérêt bas (2007-2020), cette prime de risque représentait typiquement 35% à 65% du rendement total selon la situation conjoncturelle (points en orange sur le graphique 1). En revanche, pendant la période antérieure à la crise financière (1962-2007), cette prime de risque représentait plutôt entre 10% et 30% du rendement global (points bleus