Nous nous interrogions au lendemain des élections américaines quant à l’attitude de la Réserve Fédérale vis à vis du nouveau locataire de la Maison Blanche. Sa plateforme idéologique est considérée, à juste titre, comme inflationniste en raison du triptyque immigration / tarif / baisse d’impôt. L’acribologue Jerome Powell nous a depuis donné une partie de la réponse en ajustant les fameux dots pour cette année : la banque centrale américaine anticipe désormais 50bp de baisse de taux en 2025, moitié moins qu’en septembre dernier au moment où elle s’inquiétait de l’évolution du marché du travail.
L’exégèse des minutes du dernier FOMC* permet de mieux comprendre ce changement de doctrine : en faisant l’hypothèse de droits de douane plus élevés, l’institution revoit à la hausse des prévisions d’inflation.
Cet ajustement de forward guidance des taux directeurs n’est pas passé inaperçu : le rendement du 10 ans américain a bondi d’une trentaine de points de base en réaction à la déclaration de Jay (à 4.79% au plus haut). Sans surprise, une hausse incontrôlée des taux longs est désormais considérée comme le plus gros risque par les investisseurs (selon le dernier sondage de Bank of America). Dans ce contexte, il semble nécessaire de revenir sur les trois composantes théoriques – taux neutre, prime de terme et objectif d’inflation – qui forment ce taux pour mieux comprendre, et donc anticiper son
[...]