Warren Buffett tire sa révérence : la fin d'une ère à Wall Street
LN24, 5/05/2025
Icône planétaire de l’investissement à long terme, Warren Buffett a annoncé, à 94 ans, qu’il quittera la présidence du conglomérat Berkshire Hathaway à la fin de l’année 2025. Une page se tourne pour le monde de la finance, tant cette figure tutélaire a incarné un capitalisme patient, rigoureux et contre-courant.
Un parcours hors norme
Né en 1930 à Omaha (Nebraska), fils d’un courtier en Bourse, Buffett s’initie très jeune aux affaires : ventes en porte-à-porte à 6 ans, premières actions à 11 ans, puis 5 000 dollars d’épargne à 20 ans (soit 66 000 € actuels). C’est à l’université Columbia qu’il rencontre Benjamin Graham, père du value investing, dont il reprendra fidèlement les principes : acheter des entreprises solides, sous-évaluées, et les conserver sur le long terme.
Berkshire Hathaway : d’une usine textile à un empire de 1 000 milliards de dollars
En 1965, Buffett prend le contrôle d’un fabricant de textile en difficulté, Berkshire Hathaway, qu’il transforme progressivement en un véritable conglomérat mondial, avec des participations emblématiques dans Coca-Cola, See’s Candies, ou encore des assureurs lui permettant de disposer d’une importante force de frappe financière.
Sa stratégie ?
Ne pas spéculer, fuir les modes, laisser les dirigeants autonomes, et conserver les actifs longtemps. Un pari gagnant, qui a propulsé la valorisation de Berkshire Hathaway à plus de 1 000 milliards de dollars.
Une philosophie de l’investissement et de la vie
Buffett, surnommé « l’Oracle d’Omaha », est devenu un repère moral et intellectuel pour toute une génération d’investisseurs. Ses lettres annuelles aux actionnaires sont lues comme une bible de sagesse économique. Il y défend la patience, l’intégrité, la vision de long terme et l’humilité face aux excès des marchés.
Proche de Bill Gates, Buffett s’est aussi engagé dans une philanthropie active, via la fondation The Giving Pledge, à laquelle il lèguera plus de 99 % de sa fortune personnelle. Il s’était également distingué par son engagement politique démocrate, notamment en soutenant une proposition de loi baptisée la règle Buffett, visant à taxer équitablement les ultra-riches.
Des critiques, mais une trace indélébile
S’il n’a pas échappé aux reproches – notamment pour son désintérêt initial pour la tech, ou son investissement massif dans les énergies fossiles –, Buffett reste respecté pour sa constance, sa transparence et sa discipline.
Il sera remplacé en 2025 par Greg Abel, son bras droit canadien, 32 ans plus jeune. Buffett a toutefois précisé qu’il « restera dans les parages », sans en dire davantage.
Une transition historique
Dans un monde financier marqué par l’incertitude, les tensions géopolitiques et les mutations technologiques, la succession de Warren Buffett marque un tournant symbolique. Le maître de l’investissement raisonnable quitte la scène. Reste à savoir si son héritage – la foi dans le long terme et la valeur réelle des entreprises – saura résister aux tempêtes d’un capitalisme en mutation.