Décrypter l’économie pour mieux comprendre la Bourse

Cours du dollar, taux d’intérêt, inflation, emploi sont autant d’indicateurs qu’il faut connaître et comprendre quand on investit en Bourse. D’autant que leur impact sur les cours varie en fonction des circonstances. Retrouvez les explications de l’Ecole de la Bourse dans ce cours qui vous aidera à mieux comprendre la Bourse.

L’investisseur observe l’activité économique à travers une multitude d’indicateurs : consommation des ménages (France), confiance des ménages (Etats-Unis), indice des directeurs d’achat (Etats-Unis), climat des affaires (Allemagne & Japon), taux de chômage (France), PIB trimestriel en rythme annualisé (France)… Tous ces indicateurs peuvent être portés à sa connaissance en l’espace de quelques jours. Ce sont des informations brutes, essentielles mais fragiles, qu’il doit étudier pour anticiper les réactions du marché.

Les principaux indicateurs économiques

Chaque indicateur peut être rapproché d’un agrégat économique. Ainsi, les ventes de détail et la confiance des ménages renvoient à la consommation. De même, les commandes des entreprises ou le niveau des stocks renvoient à l’investissement. Ces agrégats s’articulent autour d’une équation fondamentale rassemblant des indicateurs qui reflètent l’équilibre entre l’offre et la demande :

Produit intérieur brut (PIB)    = consommation des ménages

                                                   + investissements productifs

                                                   + dépenses de l’Etat

                                                   + (exportations – importations)

Pour ce qui est de l’activité économique intérieure, il convient de distinguer entre l’offre et la demande. Les indicateurs de la première sont le PIB, la production industrielle, les différentes enquêtes de conjoncture ou l’emploi. On retrouve dans la demande, les indicateurs de consommation des ménages (indices de confiance, ventes de détail, crédits à la consommation…), l’investissement et les dépenses de l’Etat.

S’y ajoutent les indicateurs d’activité extérieure. La balance commerciale et le taux de couverture entre importations et exportations traduisent la compétitivité d’un pays et sa dépendance sur l’extérieur. La balance des paiements indique les flux monétaires, de services, de titres et de marchandises que les résidents d’un pays (particuliers, entreprises ou État) entretiennent avec ceux du reste du monde.

L’offre et la demande sont soumises à des fluctuations. En effet, la croissance économique ne se fait pas de façon continue. Elle passe par des phases de croissance rapide et de croissance plus faible, voire de récession  momentanée ou même de crise économique. On parle alors de cycles économiques.

L’analyse économique tente de situer la conjoncture par rapport au cycle économique : prévoir les points de retournement de l’activité, en déduire les tendances de l’inflation, l’évolution future des taux d’intérêt et les conséquences de l’ensemble de ces phénomènes sur les marchés financiers.

Le pétrole, une variable majeure   L’évolution des prix du baril de pétrole sont le fruit de la confrontation entre l’offre et la demande. Les cours sont fonction de facteurs géopolitiques, de l’état des stocks, de facteurs climatiques (souvenez-vous du cyclone Katarina), des cycles de croissance, voire de la spéculation. Leurs variations ont un impact direct sur la conjoncture puisqu’elles contribuent à l’inflation : une hausse de 2 % des prix des carburants crée 0,15 % d’inflation.   De nombreux secteurs et entreprises sont concernés : automobile, transports, pétrochimie, agriculture…

Au-delà de ces indicateurs de l’offre et de la demande, les marchés observent les équilibres fondateurs de la croissance :

  • L’équilibre monétaire
  • L’équilibre extérieur
  • L’équilibre des finances publiques
  • L’équilibre sur le marché du travail

Certains indicateurs sont particulièrement examinés car ils sont le signe de tension et de déséquilibres potentiels : les prix et les salaires, l’inflation importée, les déficits extérieurs, les déficits publics, le chômage ou le taux d’utilisation des capacités de production.

Les indicateurs macroéconomiques ont un impact direct sur les trois grands paramètres de gestion d’un portefeuille d’actifs financiers : les taux d’intérêt, les taux de change, le cours des actions. Les indicateurs de tension précisent dans quelle direction les paramètres de gestion devraient évoluer. Quelles sont alors les logiques économiques qui permettent de comprendre les enchaînements qui lient les indicateurs aux paramètres de gestion ?

Les principales logiques macroéconomiques

La croissance est le juge de paix de la Bourse. Sans elle, il ne peut y avoir de hausse des cours. Mais si elle est une condition nécessaire, elle ne suffit pas. En effet, la croissance doit s’accompagner d’un équilibre entre l’offre et la demande, maîtrisant ainsi l’inflation.

  • Si le pouvoir d’achat est trop élevé face à une offre de produits ne pouvant atteindre le niveau de la demande : inflation
  • Si la demande est trop élevée, les entreprises peuvent en profiter pour augmenter leur prix : inflation
  • Si l’offre est trop importante et que la concurrence est forte face à une demande insuffisante : risque de déflation

Deuxième paramètre fondamental, les taux d’intérêt font intervenir les notions de temps, d’inflation et de risque. Le taux d’intérêt d’un placement rémunère un renoncement à une consommation immédiate (plus la durée du placement est longue, plus le taux est élevé), la dépréciation du pouvoir d’achat (inflation), le risque du placement (actions, obligations).

Les taux d’intérêt sont la principale arme de la politique monétaire. Apanage des autorités monétaires (Banque centrale européenne ou Federal Reserve américaine), elle a pour objectif d’influencer l’offre et la demande de monnaie et de crédit afin de fournir assez de liquidité à l’économie pour alimenter la croissance, sans créer d’inflation.

Il y a un lien direct entre taux d’intérêt et taux de change. Deux analyses se confrontent :

Théorie de la parité des taux d’intérêt. Le taux d’intérêt porté par une devise rémunère aussi le risque de change associé à cette devise. Un taux d’intérêt plus élevé dans un pays par rapport à d’autres pays traduit alors une faiblesse de sa monnaie. Ainsi, si l’euro supporte des taux d’intérêt plus faibles que le dollar, cela traduit un renforcement de l’euro qui aura tendance à s’apprécier.

Théorie du portefeuille. La hausse des taux d’intérêt sur une devise donnée amène les investisseurs à augmenter dans leur portefeuille la part de leurs actifs libellés dans cette monnaie. Ils sont donc acheteurs de cette devise qui s’apprécie. Prise en compte de l’inflation : les investisseurs arbitrent en faveur des placements sur des devises dont le rendement immédiat est le moins érodé par l’inflation. Cette théorie a toutefois une limite : le risque de change. Ainsi, l’évolution du cours du dollar ces dernières années valide la théorie de la parité des taux.

Attention, il ne faut pas confondre politique monétaire et politique budgétaire qui a aussi un impact sur les taux d’intérêt et le change. En cas de ralentissement de l’économie, un Etat peut décider d’une politique budgétaire expansionniste. Un déficit budgétaire jugé trop élevé fragilise l’économie : la confiance accordée par les investisseurs dans la monnaie diminue. Or la confiance dans la monnaie permet d’attirer des capitaux pour éventuellement financer le déficit. En faisant appel aux marchés pour financer sa politique budgétaire, l’Etat crée un effet de substitution.

Dans la zone euro, c’est la BCE qui est chargée de mener la politique monétaire. Quant à la politique budgétaire, les Etats de l’Union européenne sont liés par le pacte de stabilité. Décidé en 1997, il lie entre eux les pays de la zone euro pour assurer la poursuite d’une politique budgétaire saine en évitant les déficits excessifs.

Principes du pacte :

  • Le déficit budgétaire ne peut excéder 3 % du PIB
  • La dette publique ne peut excéder 60 % du PIB

Le pacte limite la marge de manœuvre des pays dans la conduite de leur politique budgétaire. La contrepartie devant être une meilleure stabilité de la monnaie.

Autre paramètre important, l’emploi. En particulier, la relation entre croissance, chômage et inflation salariale. Examinons d’abord le lien entre le chômage et la croissance. Plus la croissance économique est forte, plus le taux de chômage aura tendance à diminuer, jusqu’à rejoindre un taux de chômage naturel, en situation de plein emploi. Mais intervient alors la variable salaires. Un niveau de chômage très faible favorise une pression à la hausse des salaires et donc des prix à la production. En revanche, quand le taux de chômage monte, les salaires subissent une pression à la baisse. Ainsi, le plus souvent, quand l’inflation est élevée, le chômage est faible et inversement. Pour baisser l’inflation, il faut donc consentir à une augmentation du taux de chômage.

Enfin, il ne faut pas négliger la contrainte extérieure. A partir du moment où un pays a des relations avec l’extérieur, il ne peut, s’il veut garder sa crédibilité et poursuivre les échanges, laisser s’accumuler déficits et dettes extérieurs. La recherche de ces équilibres va fortement conditionner sa politique économique interne. Les marges de manœuvre des politiques économiques nationales sont réduites :

  • Une relance isolée de l’activité peut creuser le déficit extérieur.
  • Des taux d’intérêt trop faibles peuvent faire fuir les capitaux étrangers.
  • Un taux d’inflation plus élevé que les pays extérieurs peut entraîner une perte de la compétitivité.
  • Des coûts salariaux trop élevés risquent de dissuader les multinationales de s’installer dans le pays voire inciter les producteurs nationaux à délocaliser leur production.

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